mercredi 11 mars 2015

Le territoire français va s'organiser autour des régions et des intercommunalités

Les députés ont voté ce mardi en première lecture la réforme des compétences des collectivités. Les régions sont chargées de l’économie, les communautés de communes sont renforcées.


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Les débats ont été houleux. Mais le résultat est sans appel. La réforme des compétences des collectivités locales a été adoptée ce mardi en première lecture à une nette majorité par l’Assemblée : 306 voix contre 238. Les socialistes et les écologistes ont voté pour tandis que l’UMP, l’UDI et le Front de gauche disaient « non ». Le texte de la Nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe), spécialise les régions et les départements autour de compétences clefs. Elles perdent la clause de compétence générale qui ouvrait la porte à tous les doublons. Seules les structures de proximité, c’est-à-dire les communes regroupées dans des intercommunalités musclées pour l’occasion, conservent la totalité des compétences de service public mais devront agir en conformité avec les schémas régionaux. Et seules les métropoles conservent une certaine autonomie vis-à-vis des régions.

Les frontières restent cependant parfois poreuses. Les conseils départementaux (nouveau nom des conseils généraux) pourront par exemple continuer à financer des projets du bloc local. Dans le domaine économique, ils interviendront également auprès des filières agricoles. Et les trois niveaux de collectivités locales exerceront toujours plusieurs compétences partagées : culture, sport, tourisme et installation de la fibre optique. Mais un nouveau paysage institutionnel se dessine quand même.

RÉGIONS

Les treize nouvelles régions sont responsables de l’aide aux entreprises, en particulier aux PME. Elle facilitent leur création, leur implantation et leurs démarches d’internationalisation mais aussi leur R&D en lien notamment avec les laboratoires de la région et les établissements d’enseignement supérieur qu’elles financent. La construction des lycées reste à leur charge.
A la demande de l’Association des régions de France et malgré les réticences de l’Etat, les parlementaires ont accepté de donner aux régions qui le souhaitent la coordination des politiques des acteurs de l’emploi, sauf Pole emploi. Une compétence complémentaire de leur activité de formation professionnelle. Elles exerceront aussi leur nouveau rôle de stratège dans l’aménagement du territoire. L’échelle de la parcelle restera sous l’autorité des communes, mais les régions superviseront par exemple les zones d’activité, les grands équipements, etc.
La desserte ferroviaire est déjà une compétence régionale. Le projet de loi NOTRe leur ajoute la gestion des transports en car interurbain et les liaisons scolaires. Le bloc communal conserve sa responsabilité des transports urbains. Les conseils régionaux assureront aussi la programmation dans les domaines de l’environnement : déchets, énergie, etc. Les régions n’ont pas obtenu la totale responsabilité de l’activité économique du tourisme mais elles deviennent chef de file des autres collectivités pour limiter les incohérences actuelles.
Cerise sur le gâteau, les régions pourront régionaliser certaines lois qui le prévoiront. Le premier cas, déjà intégré dans le projet de loi, concerne l’adaptation de la loi Eau en Bretagne.

DÉPARTEMENTS

Après avoir senti le vent du boulet, les conseils départementaux ont sauvé la majorité de leurs compétences grâce aux parlementaires. Ils perdront en 2017 leur pouvoir économique mais pourront continuer à aider les TPE. Ils conservent la politique d’aides sociales aux populations fragiles : placement des enfants, handicapés, personnes âgées, etc. La loi prévoit aussi la création de maisons de service public regroupant les services quotidiens.
Enfin, les conseils départementaux continueront de gérer les bâtiments des collèges ainsi que les routes départementales, qui devaient être transférées aux régions mais que les parlementaires leur ont finalement laissé.

INTERCOMMUNALITÉS - MÉTROPOLES - COMMUNES

Le projet de loi ne bouleversait pas à l’origine les compétences des communes et de leurs communautés. L’objectif du gouvernement consistait à imposer aux intercommunalités de fusionner pour dépasser un plancher de 20.000 habitants. Face à l’opposition de nombreux parlementaires, le rapporteur Olivier Dussopt a proposé pour compromis un paquet de dérogations évitant la fusion à plus de la moitié des communautés concernées, notamment pour éviter des opérations acrobatiques aux communes de montagne. A contrario, le gouvernement avec l’aide de députés acquis à la cause de l’intercommunalité a fait voter un amendement qui impose le transfert de la gestion de l’eau, de l’assainissement et des déchets.